Après 12 heures de bus depuis Sucre, on arrive à La Paz vers 6 heures du matin. Comme on n'a plus trop envie de ville et qu'on est des aventuriers, on la traverse en taxi pour attraper un autre bus qui devrait nous amener à Rurrenabaque en 18 heures (minimum).
A 10 km/h sur une belle route asphaltée Coline est en forme :
"11h 31 et c'est parti pour la chevauchée intrépide. Un premier coup d'pédale, il avance et puis il cale. Allez, en avant pour 18 heures de route de la mort qui tue. Un bus tout se qu'il y a de plus correct, les sièges qui s'allongent pas, des appuis pieds qui manquent une fois sur deux, une heure de retard, un pot d'échappement qui produit une fumée noirâtre plus qu'inquiétante, et les rembourrages de sièges à moitié déchirés. YOUPI ! Heureusement qu'on a apporté des BANANES ! Oh ! Une télé ! Le luxe à moins que ... ah non elle marche pas. Les gens tombent sur le passage du bus comme des moucherons dans de la sauce soja. Asphyxiés par le smog bussaire ou assommés pas son bruit de péniche, ou bien les deux. COURAGE, plus que 17h54. (minimum)"
Je prends le relais. Après 2 virages difficilement négociés à 2 centimètres du ravin, Coline s'est mis la tête et la Nintendo sous la couverture.
Dans le guide du Routard ils disent : "Si vous pouvez prendre l'avion, surtout n'hésitez pas". Ils auraient pu dire : "Si vous ne pouvez pas prendre l'avion, n'y allez pas". Mais pour nous c'est trop tard alors je prends un Advocardyl pour pas pleurer devant les gens. Et un deuxième pour pouvoir prendre des photos du paysage.
A droite la montagne, à gauche le précipice, à cette hauteur on ne peut plus parler de ravin. La route est en terre et fait généralement la largeur du bus, un peu moins aux endroits où elle commence à s'écrouler, un peu plus tous les 100 mètres pour permettre aux camions de nous croiser. Et comme on se croise rarement juste à cet endroit, faut souvent faire marche arrière ... Le chauffeur sort le coude et la tête par la fenêtre et enclenche la marche arrière comme s'il sortait sa Clio du parking du Super U. Si on s'en sort vivants, il s'en sortira pas vivant.
Les gens du coin sont pas fous, ils ont fermé les rideaux. Les touristes arrivent pas à rentrer la tête à l'intérieur alors ils sont plein de poussière. Par réflexe, ils se penchent côté montagne quand le bus penche un peu trop côté précipice, comme si le poids de leur tête pouvait sauver 50 personnes.
Coline qui fait la fille détendue s'est quand même écrit "Coline Harel, Francia" sur le bras pour qu'on puisse réunir et rendre son corps à la famille. Moi je bois une dernière gorgée de Coca en n'oubliant pas d'en verser deux gouttes à la santé de PachaMama au cas où elle peut faire quelque chose pour nous.
On s'arrête dîner à 18 heures à Caranavi. Plus que 12 heures. Au moins il fait nuit, on ne voit plus la route. On arrive quand même à s'endormir et on arrive à Rurrenabaque vers 9 heures du mat.
Pour le retour ? Bin on va prendre l'avion. Pourtant on aime pas ça. En tous cas on aura bien mérité notre balade dans la forêt amazonienne.
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